Grossesse, microbiotes et probiotiques…

Résumé

Cette revue émanant de la branche européeenne de l’International Life Science Institute fait le point sur les modifications des microbiotes intestinal, oral et vaginal au cours de la grossesse et l’intérêt des probiotiques dans la prévention des conséquences des dysbioses gravidiques.

Modifications des microbiotes pendant la grossesse

• Microbiote intestinal :
  • diminution de et augmentation de la β diversité
  • augmentation proportionnelle du genre Bifidobacterium et des phyla Pseudomonadota et Actinomyceta
• Microbiote oral (études parfois contradictoires…)
  • augmentation de bactéries pathogènes comme Prevotella intermedia, Porphyromonas gingivalis et Fusobacterium nucleatum
• Microbiote vaginal
  • diminution de l’α diversité
  • prédominance de Lactobacillus spp

Impact des dysbioses sur la grossesse (cf figure 1)

Probiotiques et grossesse

• probiotiques (voir orale) et infections à Streptocoques B
  7 études cliniques portant au total sur plus de 700 femmes ont été publiées avec un probable effet bénéfique sur le risque d’effet maternel sous réserve d’un traitement suffisamment long (3 semaines) au cours du deuxième trimestre

• probiotiques et diabète gestationnel
  7 études cliniques n’ont pas montré d’effet protecteur des probiotiques sur la survenue d’un diabète gestationnel

• probiotiques et prématurité administrés par voie orale, les probiotiques n’ont pas montré d’effet préventif clair sur la prématurité. Par voie vaginale (L. crispatus, L. rhamnosus), des résultats légèrement plus favorables ont été rapportés.

• probiotiques et rupture prématurée des membranes
  Effet bénéfique démontrée de l’association probiotiques vaginaux + antibioprophylaxie, par rapport à antibioprophylaxie seule

• sécurité des probiotiques pendant la grossesse
  peu d’études sur le sujet mais le risque d’anomalies chez la mère, chez le nouveau-né et le nourrisson semble très limité. Nécessité d’études longitudinales

Commentaire

Cette intéressante revue souligne la grande diversité d’efficacité des probiotiques dans la prévention des risques obstétricaux. Ces résultats discordants sont liés à la grande diversité des souches probiotiques utilisées, aux voies d’administration ainsi qu’aux populations concernées. L’indication la plus référencée est l’association probiotiques / antibiotiques en cas de rupture prématurée des membranes. Cependant, dans l’état actuel des choses, il n’y a toujours plus de probiotiques par voie vaginale disponibles en France ! Situation d’autant plus regrettable que le risque d’effets secondaires pendant la grossesse paraît moins élevé que lors de l’administration orale…

Un enseignement de cette revue pourrait être que le rééquilibrage des microbiotes en amont de la grossesse est probablement une voie de prévention intéressante. Ceci nécessite une prise en charge globale de la patiente avec des conseils hygiéno-diététiques individualisés et des probiotiques spécifiques des dysbioses dépistées.