Microbiome séminal et fragmentation de l’ADN

L’indice de fragmentation de l’ADN (IFD), un nouveau biomarqueur dans le diagnostic del’infertilité masculine, est étroitement associé à de mauvais résultats en matière de reproduction. Des recherches antérieures ont montré que le microbiome séminal était en corrélation avec l’intégrité de l’ADN des spermatozoïdes, ce qui suggère que le microbiome pourrait être l’une des causes des dommages causés à l’ADN des spermatozoïdes. Cependant, la manière dont le microbiote exerce ses effets n’a pas été élucidée. Ici, nous avons utilisé une combinaison de techniques de séquençage de l’ARNr 16S et de métabolomique non ciblée pour étudier le rôle du microbiote en cas d’augmentation de l’index de fragmentation de l’ADN (HDFI). Nous rapportons qu’une augmentation des profils microbiens spécifiques contribue à une fragmentation élevée de l’ADN des spermatozoïdes, impliquant ainsi le microbiome séminal comme une nouvelle cible thérapeutique pour les patients HDFI. En outre, nous avons constaté une modification dans la répartition des espèces de  Lactobacillus: Lactobacillus iners était enrichi chez les patients HDFI, mettant en lumière l’influence potentielle de L. iners sur la santé reproductive masculine. Enfin, nous avons également identifié un enrichissement de la fermentation de l’acétyl-CoA en butanoate II et de la dégradation des nucléobases puriques I dans les échantillons à forte fragmentation de l’ADN des spermatozoïdes, ce qui suggère que le butanoate pourrait être le métabolite cible des lésions de l’ADN des spermatozoïdes. Ces résultats fournissent des indications précieuses sur l’interaction complexe entre le microbiote et la qualité du sperme chez les patients HDFI, jetant les bases d’une recherche plus approfondie et d’interventions cliniques potentielles.

Commentaire :

On connaissait un certain nombre de facteurs en rapport avec index de fragmentation de l’ADN (IFA) élevé : varicocèle, perturbateurs endocriniens, tabagisme, toxicomanie, infection du sperme… L’étude en référence s’est focalisée sur le rapport entre microbiote séminal et IFA élevé. Si l’étude a confirmé  un certain nombre de profils microbiotiques déjà connus comme associés à un IFA élevé (prévalence des Actinomycetaceae et Acinetobacter spp ), il met en lumière l’importance Lactobacillus iners dans les IFA élevés. Cette bactérie est fréquemment retrouvée en cas de dysbiose vaginale ce qui suggère une probable transmission sexuelle de cette bactérie. Il serait intéressant d’étudier le microbiote vaginal des partenaires féminines de ces hommes avec un IFA élevé. S’il s’avère qu’une corrélation entre vaginose et IFA élevée existe, la prise en charge thérapeutique de ces hommes hypofertiles impliquerait également la partenaire féminine