Prévention de la Vaginose Bactérienne : la piste des acides gras à chaîne longue
Zhu M, Frank MW, Radka CD, Jeanfavre S, Xu J, Tse MW, Pacheco JA, Kim JS, Pierce K, Deik A, Hussain FA, Elsherbini J, Hussain S, Xulu N, Khan N, Pillay V, Mitchell CM, Dong KL, Ndung’u T, Clish CB, Rock CO, Blainey PC, Bloom SM, Kwon DS. Vaginal Lactobacillus fatty acid response mechanisms reveal a metabolite-targeted strategy for bacterial vaginosis treatment. Cell. 2024 Sep 19;187(19):5413-5430.e29. doi: 10.1016/j.cell.2024.07.029. Epub 2024 Aug 19. PMID: 39163861; PMCID: PMC11429459.
La vaginose bactérienne (VB), syndrome fréquent caractérisé par un microbiote vaginal avec une déplétion en Lactobacillus, a un impact négatif sur la santé de la femme. La VB réapparaît souvent après une antibiothérapie classique, en partie parce que les antibiotiques favorisent la dominance du microbiote par Lactobacillus iners en place de Lactobacillus crispatus, bactérie bénéfique pour le microbiote vaginal. Des stratégies visant à promouvoir L. crispatus et à inhiber L. iners sont donc nécessaires. Nous montrons que l’acide oléique (OA) et des acides gras à longue chaîne similaires d’une part inhibent L. iners et d’autre part favorisent la croissance de L. crispatus. Ces phénotypes nécessitent des gènes inductibles par l’OA (gènes (présents chez L. crispatus et les lactobacilles apparentés), ainsi qu’une oléate hydratase (ohyA) et une pompe transmembranaire d’acides gras (farE). FarE est un médiateur de la résistance à l’OA, tandis que ohyA améliore la qualité du microbiote vaginal en séquestrant biochimiquement l’OA sous une forme dérivée que seuls les organismes qui contiennent l’ohyA peuvent exploiter. L’OA favorise la dominance de L. crispatus plus efficacement que les antibiotiques dans un modèle BV in vitro, ce qui suggère une approche thérapeutique basée sur les métabolites.
Commentaire :
Antibiotiques, probiotiques… sont parfois insuffisants pour prévenir le risque élevé de récidives de la vaginose bactérienne. Plusieurs pistes méritent d’être développées : agir sur l’hôte pour limiter l’action des pathobions ou favoriser la croissance des bactéries « bénéfiques ».
On sait que certains acides gras insaturés ont démontré une action antibactérienne et ont donc une action protectrice de la peau et des muqueuses. L’étude ci-dessus s’est intéressée à l’acide oléique en raison de son action inhibitrice de L. iners (lactobacilles fréquemment retrouvé dans les microbiotes non optimaux). A contrario, cet acide oléique favorise la croissance de lactobacilles « bénéfiques » comme L. crispatus. Ces propriétés pourraient être utilisées comme traitement adjuvant des antibiotiques ou des probiotiques et probablement faire partie de l’arsenal préventif en maintenant un microbiote optimal. Reste à confirmer les études in vitro par des essais cliniques